tissu jacquard motif asiatique nuages
Tissu Jacquard Osaka, Thévenon

Qu’est-ce que le tissu jacquard ?

Souvent employé mal à propos, le terme de jacquard mérite un éclairage et un recadrage. Nous verrons dans cet article en quoi le tissu jacquard désigne une technique bien particulière de tissage, avec son origine et ses atouts. Nous évoquerons aussi ce que le tissu jacquard n’est pas, pour limiter les confusions. Enfin, nous aborderons les métiers gravitant autour du tissu jacquard, et terminerons par quelques exemples en images.

Légende photo : Tissu jacquard Osaka, édité par Thévenon et vendu sur MesRideaux.fr

Le jacquard, un terme technique

 
Le tissu jacquard ne désigne pas un effet visuel mais il découle directement de la technique utilisée pour l’obtenir.
En revanche, certains motifs nous mettent sur la voie : s’ils sont complexes, réalistes, riches en couleurs, et s’ils sont tissés, on peut se douter que ce sont des motifs réalisés grâce à la technique du jacquard.

Le jacquard n’est pas une matière

 
En effet, le jacquard correspond à un type de tissage. Les motifs sont obtenus par entrecroisement des fils (dits de chaine, pour ceux tendus verticalement sur le métier, et de trame, pour ceux insérés horizontalement), et non par impression. On peut créer des tissus jacquard à partir de tous types de fils et donc de matières : coton, laine, lin, polyester, soie, viscose, lurex… Comme la technique jacquard autorise l’interprétation de dessins complexes, il est permis de considérer qu’un tissu jacquard est un tissu sophistiqué, néanmoins, il existe des tissus jacquards dans des matières plus ou moins luxueuses.

La mécanique jacquard

 
Le nom du tissu jacquard provient du métier à tisser utilisé, le métier jacquard. Le métier jacquard permet l’obtention de motifs plus complexes que les métiers préexistants. On peut s’éloigner des seuls motifs géométriques, rectilignes, et multiplier les couleurs. En fait, on est aujourd’hui capable avec un métier jacquard de restituer des dessins aussi complexes que par l’impression, mais la technique du tissage confère davantage de noblesse au produit.
L’inventeur du métier Jacquard est Joseph Marie Jacquard, à Lyon, ville célèbre entre autres pour l’histoire de ses « Canuts », ouvriers tisserands travaillant la soie (patrimoine local) sur les métiers à tisser, gigantesques à l’époque, qui ont valu à la colline de la Croix Rousse ses appartements très hauts de plafonds.
En fait, Jacquard a amélioré les métiers existants (métiers à la tire) en y adjoignant la mécanique jacquard, un système d’automatisation du métier à tisser qui le rend programmable grâce à un l’usage de cartes perforées. Les cartes perforées guident les crochets qui soulèvent les fils de chaînes, ce qui fait qu’automatiquement, un fil «  travaille ou ne travaille pas », c’est à dire qu’il intervient à un endroit du tissage ou se voit repoussé, et cela avec une répétition. C’est ainsi qu’on sait, depuis 1801, tisser des motifs complexes sans assistance manuelle. Parler de métier jacquard est un raccourci pour désigner un métier équipé de la technologie Jacquard, sorte de module que l’on fixe au sommet du métier à tisser traditionnel à bras.
Aujourd’hui, le pilotage par ordinateur des métiers à tisser remplace le système d’automatisation par cartes perforées. Les logiciels informatiques spécifiques permettent aussi de modifier autant de fois que souhaité le dessin, et les choix d’armures (toile, sergé, chevron…) effectués au préalable pour tisser le motif.

Le tissage, sans Jacquard

 
Pour tisser des motifs simples et dépourvus de courbes, on peut se passer de métier jacquard. Il s’agit alors de jongler entre les armures de tissage de base pour former le motif, sans programmation préalable des fils sélectionnés ou non à chaque croisement (on parle du croisement des fils de chaine, verticaux, avec celui de trame, que l’on insère horizontalement).
Par exemple, l’armure sergé possède pour caractéristique de tracer des côtes obliques dans le tissu. Si l’on inverse le sens de tissage de ces côtes obliques, voilà de quoi définir des zigzags. En administrant différentes couleurs aux fils passés dans le métier à tisser, on arrive à dessiner des carrés, des losanges.
Sans mécanique jacquard, on tisse des lignes droites (horizontales ou verticales), obliques, des formes anguleuses, des lignes crénelées, des effets pixels. Tous les ateliers de production de tissage ne sont pas nécessairement pourvus de métiers dotés de la mécanique jacquard, tout dépend de leur activité. Ils peuvent notamment être spécialistes des unis et tissus rayés ou à carreaux.

L’utilisation particulière de la mécanique jacquard pour les tissus les plus luxueux

 
Pour la réalisation des étoffes les plus prestigieuses, il arrive que l’on couple la mécanique jacquard (pour sa programmation bien utile de dessins complexes) avec des étapes de travail à la main minutieuses. C’est ainsi que la maison Lelièvre fait perdurer, dans un véritable atelier Canut à Lyon, pour les besoins de sa marque traditionnelle Tassinari & Chatel, les lampas brochés, velours aux poils de soie ciselés à la main, brocarts à fils d’or ou d’argent.
Dans ces cas de figure, le tissage s’apparente à un travail manuel et n’avance que de quelques centimètres par jour, le prix de l’excellence pour des tissus exceptionnels et historiques, dignes de décorer les châteaux et palais les plus réputés.
On ne requiert pas ici à la mécanique jacquard pour son potentiel de productivité, mais pour gérer la difficulté. A chaque croisement de fils, la main de l’homme doit intervenir, ne serait-ce, mais pas seulement, que pour introduire manuellement la trame, quand pour des productions industrielles les navettes contenant le fil de trame sont robotisées. En dépit de cette nécessité de la main et de cette lenteur obligatoire, grâce à la mécanique jacquard, on manœuvre les sélections de fils d’un simple mouvement du pied sur une pédale, ce qui est crucial pour la bonne mise en place de dessins abondants en détails et variations, et ne se répétant qu’au bout de nombreux centimètres. C’est un soutien technique indispensable.

Quelques métiers propres à l’univers du tissage jacquard

 
A chaque environnement professionnel ses métiers spécifiques et plus ou moins méconnus, voici ceux (non exhaustifs) qui donnent vie au tissu jacquard.
 
Le dessinateur textile invente des motifs, soit par ordinateur, soit manuellement, sur papier (crayon, peinture…). Il propose des maquettes à interpréter ensuite techniquement. Ses dessins sont utilisables tant en tissage qu’en impression, et donnent l’idée d’un résultat esthétique final.
Le graphiste textile traduit le dessin dans le langage technique de la mécanique jacquard. A lui de déterminer le nombre de fils à utiliser, le nombre de couleurs, les armures employées, de s’assurer de la bonne répétition des motifs…
Les ourdisseurs préparent la chaine (la nappe de fils parallèles qui seront dans le sens vertical du tissage) : nombre de fils nécessaire, longueur.
Le dévideur prépare les bobines de fil pour les besoins de l’ourdissage et de l’introduction de la trame sur le métier.
Les noueurs mettent en place la chaine sur le métier à tisser. Le nom vient du fait qu’il faut nouer chaque fil de la chaine à chaque fil de la chaine précédente pour établir la continuité.
Les tisseurs réalisent le tissage à proprement parler. Leur part d’intervention manuelle varie selon le type de tissage effectué, comme nous l’avons vu plus tôt. Si le tissage est largement automatisé, il faudra détecter les possibles accidents de parcours et les solutionner.

Quelques exemples de tissus jacquards

 
Pour le plaisir des yeux et la bonne compréhension des différents rendus du tissage jacquard, voici une sélection de tissus jacquards proposés sur MesRideaux.fr (vendus au mètre ou disponibles pour la confection de produits sur mesures tels que rideaux, coussins, jetés, têtes de lit).
 

tissu jacquard motifs nénuphars art déco
Tissu Nymphéas, Thévenon

Tissu « Nymphéas »
C’est grâce à la mécanique jacquard que l’on obtient une telle rondeur dans les motifs, très similaire au dessin original sur papier initial, tracé dans un esprit calligraphique avec des pleins et des déliés. Une simplicité apparente liée au principe bicolore, mais qui recèle quelques finesses pour une jolie restitution tissée.
 
tissu jacquard motif classique
Tissu Angora, Thévenon

Tissu « Angora »
On appelle ce type de décor ultra classique « motif à la grenade ». Il est souvent tissé en velours. Ici, c’est un damassé, ce qui signifie que le motif est révélé par une opposition d’armures. Avec le même fil, on obtient ainsi des variations d’aspects, généralement (et c’est ici le cas) une confrontation du mat et du brillant (sachez que la brillance n’est pas nécessairement affaire de matière, mais aussi d’armure de tissage !). Un ton sur ton discret, subtil, élégant, avec à l’appui la mécanique jacquard pour une bonne restitution des lignes courbes donnant des formes souples et généreuses.
 
Tissu Tribu, Lelièvre
Tissu Tribu, Lelièvre

Tissu « Tribu »
Ce motif graphique à petite répétition de l’éditeur Lelièvre met en œuvre cinq fils de couleurs différentes positionnés de façon à créer des dégradés, comme la lumière et l’ombre se posant sur des rubans vrillés. Les lignes dansent gaiement dans de multiples directions.
 
tissu jacquard motif abstrait
Tissu Flair Golden Sky, Aldeco

Tissu « Flair Golden Sky »
Ici le jacquard sert la complexité d’un dessin faussement aléatoire, abstrait, aux contours comme indéfinis, brumeux, érodés. Le fil polyester est tissé en armure satin ce qui confère de la brillance à certaines parties, en opposition à la matité du lin.
 

Nous espérons que vous êtes heureux d’en avoir appris davantage aujourd’hui au sujet des tissus jacquards. Pour en apprécier les caractéristiques au toucher, n’hésitez pas à commander des échantillons. L’équipe de MesRideaux.fr se tient à votre disposition pour vos projets de confection de rideaux, stores, coussins, jetés, têtes de lit (ou autre ?) en tissus jacquards.

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