Tissu Praiano : 67% de viscose et 33% lin.

Les fibres artificielles, c’est quoi ?

En textile, l’étiquette de composition compte : il est important de choisir ses produits, d’habillement ou pour la maison, en prenant en compte le critère des matières employées, pour savoir quel est leur toucher, leur aspect, comment le tissu va se comporter dans le temps, comment on doit l’entretenir, quelle est son empreinte carbone au départ et ce qu’il va pouvoir devenir en fin de vie. Et ce n’est pas toujours évident de s’y retrouver ! Par exemple, si tout le monde situe ce qu’on entend par matières naturelles, combien de personnes confondent matières artificielles et matières synthétiques ? Voilà pourquoi dans cet article, nous allons défricher le sujet des matières artificielles : qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça n’est pas ? Quels sont les avantages et les inconvénients de ce type de fibres textiles ?…

Qu’est-ce que les fibres naturelles ?

Les fibres artificielles ne sont pas les fibres naturelles, représentées par 

  • la famille des fibres d’origine animale : laine (mouton), soie (ver à soie), cachemire (chèvres du Cachemire ou du Tibet), mohair (chèvre angora), angora (lapin angora), alpaga (animal du même nom, ressemblant à un lama).
  • la famille des fibres d’origine végétale : coton, lin, chanvre, sisal, coco, jute, ramie, orties…

Qu’est-ce que les fibres synthétiques ?

Les fibres artificielles ne sont pas les fibres synthétiques, ces dernières étant issues du pétrole.

En clair, les fibres synthétiques découlent d’une synthèse chimique également appelée polymérisation, qui permet de transformer une quantité de molécules simples en un très grande molécule : le polymère. 

Pour prendre un exemple, le polyester, matière la plus produite par l’industrie du textile, est obtenu par la synthèse chimique d’un acide et d’un alcool, qui après condensation, donnent une sorte de gel, qu’on étire ensuite pour en faire un fil.

On comprend facilement qu’il faut se méfier des fibres synthétiques, car leur fabrication repose sur une ressource limitée (on estime que le pétrole sera épuisé dans environ 55 ans). De plus, l’exploitation du pétrole transformé en matière synthétique émet énormément de CO2, génère des émissions toxiques pour l’environnement (bromide de sodium, dioxyde de titane), et les tissus synthétiques participent grandement à ce qu’on appelle les micro-plastiques (libérés principalement lors du lavage des textiles, ce qui rend l’habillement plus concerné que le textile de maison).

Réduire sa consommation de fibres synthétiques revêt donc une grande importance. Et lorsqu’on en consomme tout de même, mieux vaut :

  • privilégier le polyester issu du recyclage (même si malheureusement, le polyester recyclé provient essentiellement du recyclage des bouteilles en plastiques, parfois des filets de pêches usagés retrouvés en mer, mais pas, pour l’instant, des textiles synthétiques usagés).
  • Garder ses produits textiles en fibres synthétiques longtemps : acheter quelque chose pour dix ans ou plus (une paire de rideaux), ce n’est pas du tout pareil qu’acheter pour une saison (un vêtement à la mode). On peut considérer que le produit « s’amortit » sur la durée.

Revenons au sujet des fibres artificielles : si ce n’est pas pareil que des fibres synthétiques, qu’est-ce que c’est ?

D’où proviennent les fibres artificielles ?

Ces fibres textiles sont les plus difficiles à appréhender. En fait, leur base est naturelle, mais elles ont besoin d’une transformation chimique pour devenir du textile, par ce qu’elles ne sauraient ressembler à un fil que l’on peut tisser ou tricoter à l’état naturel.

La viscose par exemple, que l’on appelle parfois « soie artificielle » pour sa fluidité douce et légère, découle du traitement chimique de la cellulose contenue dans la pulpe de bois (pulpe de bois qui n’est pas filable en l’état).

Les matières textiles artificielles d’origine végétale utilisent le hêtre, le bambou, le pin, l’eucalyptus… On a recours à différents procédés pour extraire et isoler la cellulose afin de la travailler. Selon ce procédé, les fibres appartiennent à la catégorie des viscoses (cellulose régénérée) ou des acétates (cellulose transformée en esters de cellulose). On obtient soit des filaments continus, soit des fibres courtes assemblées par torsion pour en faire un fil.

Dans la catégorie des viscoses (viscose régénérée), on trouve la viscose, les nouvelles viscoses qui portent les noms de lyocell, tencel, modal, lenpur, viscostar, lenzing ; le cupro (fait avec le duvet des graines de coton), la fibre de bambou ou viscose de bambou, la fibre de soja.

Dans la catégorie des acétates (cellulose transformée, c’est à dire esters cellulosiques), on trouve l’acétate et le triacétate.

Enfin, de façon minoritaire, la catégorie des fibres articielles comprend des fibres qui proviennent de la transformation chimique d’algues, d’amidon de maïs, de la protéine du lait (caséine), de carapaces de crustacés, et des fibres artificielles provenant de quelques matières dites inorganiques (fibre de verre, de carbone…). N’oublions pas que certaines fibres textiles, inappropriées pour l’habillement et la décoration, trouvent leur utilité dans le bâtiment, les travaux publics, le jardinage, la santé…

Les bons et mauvais points des fibres artificielles

Côté malus écologique, les fibres artificielles nécessitent l’emploi de produits chimiques toxiques pour l’environnement, et une consommation d’eau non négligeable. Si l’approvisionnement en cellulose issue des arbres est réalisé massivement et rapidement, sans souci éthique, pour répondre de la manière la plus productive à la demande croissante de fibres artificielles, la production de ces fibres peut contribuer à la déforestation. 30% de la viscose proviendrait de forêts en danger. 

Des labels se mettent en place, pour certifier que le bois exploité provienne de forêts durables (FSC pour Forest Stewardship Council,  PEFC pour Pan European Forest Certification). l’EU Eco Label certifie que la transformation du bois en tissu se fait selon des règles strictes de respect de l’environnement (ce label ne récompense que les produits dont l’impact écologique est bas : matières premières, fabrication, distribution, fin de cycle de vie). Des matières artificielles plus écologiques apparaissent, comme l’ecovero, sorte de viscose améliorée car elle consomme peu d’eau et son impact écologique est moindre. Le tencel (ou lyocell) est une autre alternative durable à la viscose « basique », produite à partir de pulpe de bois, d’un solvant non toxique et réutilisable, et consommant cinq fois moins d’eau lors de sa fabrication qu’il n’en faut pour produire du coton. Enfin, le modal s’avère également relativement irréprochable, avec une empreinte CO2 neutre (production en circuit fermé grâce au recyclage des produits utilisés, faible consommation d’eau, exploitation de forêts durables).

Côté qualités, les fibres artificielles se rapprochent de la belle et douce soie tout en étant plus résistantes à l’usure et à la lumière, et moins onéreuses. Leur surface est lisse, d’aspect net et plus « lustré » que ne l’est le coton. Le tombé est fluide, les couleurs lumineuses et bien fixées, avec peu de phénomène de délavage au fur et à mesure de l’entretien. Les tissus sont peu froissables. Le toucher surprend au sortir de la machine (rêche et raide) mais ensuite, la viscose, une fois sèche, retrouve sa belle apparence et présente peu de plis. 

Si les fibres artificielles ont besoin de la chimie pour exister, leur matière première est naturelle, ce qui est de loin préférable à une matière première pétrolée. Dans certains cas, elles sont moins gourmandes en eau que le coton lors de la fabrication.

Notre avis sur la question : les tissus de lin et de chanvre sont les plus respectueux de l’environnement, mais nous préférons sur ce point les fibres artificielles aux fibres synthétiques. Sur les plans esthétique et performance, les tissus en fibres artificielles (incarnés en majorité par la viscose) devraient vous apporter une totale satisfaction. On trouve parfois ces fibres en mélange avec du lin, pour donner plus de souplesse, légèreté et brillance (relative), et également en fils brodés sur des supports en matières différentes, ce qui donne de jolis fils colorés un peu luisants sur des toiles qui peuvent être plus mates. Autant de jeux de contrastes et d’effets qui rendent l’utilisation des fibres artificielles intéressantes. 

Pour limiter l’impact environnemental de vos produits textiles, choisissez de beaux produits qualitatifs que vous garderez (très) longtemps.

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